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Au coeur de Palo Alto : La relation

25/11/2020

En cette période qui nous impose de prendre des distances sociales, Nadia Riva a eu envie de vous parler de relation. Et plus particulièrement de la relation entre un thérapeute et son patient.

L’envie d’écrire sur la relation dans la thérapie brève m’est venue suite à une discussion avec une amie qui me racontait à quel point elle allait à reculons voir son psy, et à quel point elle ressortait de ses consultations encore plus mal qu’avant. Mais malgré cette sensation désagréable, malgré le manque de confiance en son thérapeute, elle continue sa thérapie car elle ne se sent pas l’énergie de trouver un autre professionel. Mais par-dessus tout, elle se dit qu’elle craint de lui annoncer son envie d’arrêter. Et comme je la comprends ma douce amie ! Et comme cela me rend triste de la voir coincée et embarquée dans une thérapie qui ne lui permet pas d’avancer en toute sérénité et surtout en toute sécurité. Et ce n’est pas la première personne qui me raconte cela. J’ai aussi croisé des patients qui n’osaient pas mettre fin à leur thérapie (après parfois une année de suivi) de peur de vexer leur thérapeute mais surtout de se voir dire « mais Madame c’est parce qu’on touche quelque chose de sensible que vous avez envie d’arrêter. C’est un déni de votre problème Madame. » Et voici donc le patient enfermé dans une double contrainte. Soit il arrête de consulter son psy avec en tête le message qu’il arrête parce qu’il a un problème, soit il continue la thérapie et il a un problème ! Donc quoiqu’il fasse le voici avec un problème insoluble ! Et qu’il est difficile de sortir de cette double contrainte lorsque on se sent déjà fragilisé ! Dany Gerbinet, parle si bien de cette double contrainte dans son livre Le Baron chez les psys. Et force est de constater que cela se confirme parfois sur le terrain.

J’ai aussi croisé des patients qui n’osaient pas mettre fin à leur thérapie.

Quelle chance pour moi d’avoir rencontré Palo Alto ! Avant de devenir psychologue, au début de ma formation, j’avais dans l’idée que les psychologues n’étaient que des personnes silencieuses, distantes, à la neutralité bienveillante.  Mes expériences en tant que patiente m’avaient aussi confortée dans cette vision. Puis est arrivée ma première rencontre avec un patient lors de ma formation. Une mère me partage un moment de vie terrible qu’elle a vécu avec son enfant. Et moi, influencée par l’idée que je me faisais d’un thérapeute, j’ai répondu par un simple « Hmm ».  Je me souviens encore du retour de mon superviseur, Alessandro Elia, après l’entretien. Il m’a dit : « Est-ce que cette mère t’a dit qu’elle était allée acheter une baguette chez le boulanger ? Aurais-tu répondu un « Hmm » à une connaissance qui te raconte cela ? ».

Je découvrais à ce moment précis l’importance du relationnel dans l’approche de Palo Alto, l’importance d’une position basse dans la relation mais bien évidemment haute dans le cadre et la méthode. Alors c’est vrai, on pouvait être soi et thérapeute !? Alors c’est vrai, pas de frontière entre le monde et mon cabinet !? Je pouvais être authentique, je pouvais dire mes ressentis, rire avec mes patients et parfois pleurer, partager un peu de moi afin de rassurer et déculpabiliser mon patient sans que cela n’enlève rien à mes compétences et à l’efficacité de la thérapie. Mais quel plaisir ! Je pouvais être cette psy-là.

Je pouvais être authentique, je pouvais dire mes ressentis, rire avec mes patients et parfois pleurer.

Car oui, dans notre approche qu’est la thérapie brève, il faut une bonne relation avec nos patients, il en faut de la confiance entre nous pour les amener sur le chemin du changement ! D’autant plus lorsqu’on demande à nos patients de faire des choses qui sortent des sentiers battus, qui sortent du bon sens et de la logique. Sans ce prérequis relationnel, rien ne se fera. Car un patient ne saute pas dans l’inconnu sans être accompagné, soutenu, encouragé, apprécié, sans que quelqu’un ne l’accompagne sur ce chemin, et lui tienne la main, pas après pas, obstacle après obstacle. Et d’ailleurs le « je » devient « nous » au fur et à mesure de la thérapie.

Christophe André, psychiatre français, se décrivait dans sa pratique comme « un tâcheron ». Je suis d’accord avec lui. Nous, les thérapeutes brefs sommes aussi des tâcherons, des artisans, qui retroussons nos manches et accompagnons nos patients à faire des expériences qu’ils n’auraient pour la plupart pas envisagées avant de venir nous voir. Nous leur faisons découvrir un territoire inconnu et inquiétant que seule notre présence à leurs côtés rassure et motive.

Un patient ne saute pas dans l’inconnu sans être accompagné, soutenu, encouragé, apprécié, sans que quelqu’un ne l’accompagne sur ce chemin, et lui tienne la main, pas après pas, obstacle après obstacle.

Mais nous sommes aussi, comme le disait Muriel Chabert dans son ouvrage Bref, des anthropologues. En rencontrant nos patients, nous découvrons un nouveau pays avec sa langue, ses coutumes, ses valeurs. Comme des anthropologues, nous rejoignons nos patients là où ils se trouvent pour les amener là ils souhaitent aller. Nous pensons dans notre approche qui est la nôtre au Centre Sésames que le patient sait mieux que nous ce qui est bon pour lui ! Et de ce fait, nous rejoignons aussi nos patients quand ils nous disent moins souffrir, quand ils nous diront ne plus avoir besoin de nous, et surtout nous les respecterons si en cours de thérapie ils nous avouenavoir envie d’un autre thérapeute. Car il n’est pas question ici de notre Ego mais bien de leur Bien-Être.

Références :

  • Le Baron chez les psys, Enrick B. Editions, 2017
  • Bref ! (Comment faire pour que ça change vite et durablement avec Palo Alto), Muriel Chabert, Enrick B. Editions, 2017

Ecole à la maison forcée : parents au bord de la crise de nerfs

Puisque cette période est aussi délicate que remplie de nouveaux défis, régulièrement durant le confinement, un.e thérapeute du Centre Sésames vous propose un petit billet, pour accompagner vos difficultés et vos peines, vos joies et vos réussites, et mettre des mot ssystémiques  sur cette situation inédite que nous vivons tous ensemble, avec beaucoup d’incertitudes.


 

Je lis souvent ces derniers jours dans les médias, sur les réseaux sociaux ou alors je l’entends directement de mes patients : « nous ne sommes pas des enseignants ! » Sous-entendu : « mais que c’est difficile de mettre au travail mon enfant ! »  Et la thérapeute brève que je suis ne résiste pas à prendre sa plume et à saisir l’occasion pour planter une graine de « Sésames » qui peut-être trouvera son terreau chez vous. Cette graine est celle de la responsabilisation. Car oui, chers parents, en cette période où vos enfants deviennent aussi vos élèves, avec plus ou moins de succès, ne serait-ce pas là une occasion pour changer de posture ? Tout simplement parce que vous êtes au bord de la crise de nerfs à force de répéter : « mais travaille, bon sang ! Ce n’est pourtant pas si compliqué. Tu en as les capacités ».

Si vous avez déjà tout essayé : les punitions, les rappels au travail, la moralisation, les récompenses, le faux lâcher-prise (notre préféré car les parents nous disent souvent « je lui ai dit que dorénavant, c’était à lui de gérer, mais je vérifie quand même ») et que rien n’y fait alors ce message est pour vous.  Il vous reste une alternative, qui n’est pas sans risques, qui est celle de se mettre à côté de son enfant et non entre lui et l’école en lui disant le message suivant : « Mon chéri, je crois qu’avec les devoirs je te traite comme un bébé et que je suis tout le temps sur ton dos ! Je vais arrêter de faire ainsi car, à part abimer notre relation, cela n’améliore pas ton travail, donc à partir d’aujourd’hui, mon chéri, je vais bien évidemment te préparer ton travail pour la semaine, mais le reste t’appartiendra. Tu pourras soit travailler seul, soit ne pas travailler ou alors travailler avec moi à un moment que j’aurais choisi. Bien évidemment, je préfèrerais que tu travailles mais, à part te clouer à ta chaise de bureau, je ne vois pas quoi faire d’autre, je ne suis pas ton prof ». En lui parlant ainsi, vous vous mettez à côté de lui et non plus entre le monde et lui afin de l’accompagner en douceur et avec bienveillance sur le long chemin de la responsabilisation. Mais cette voie n’est pas évidente à mettre en place et comporte de nombreux dangers. Le principal étant que votre enfant ne se mette pas à travailler, même pire, il se peut qu’enfin hors de contrôle, il passe ses journées devant son écran. C’est pour cela que le choix de cette voie nécessite un accompagnement. On ne choisit pas cette alternative sur un coup tête mais après mûres réflexions et acceptation réelle des risques. Mais comme le disait si bien un de mes auteurs préférés, Dany Gerbinet, il est difficile de forcer un enfant à travailler, de la même manière que ce n’est pas en tirant sur une fleur qu’elle poussera plus vite. Tout au plus, pouvez-vous faire en sorte qu’elle pousse le mieux possible, en l’arrosant, en la mettant au soleil. Il en va de même pour vos enfants. Tout au plus pouvez-vous favoriser leurs apprentissages et leur offrir le meilleur contexte possible mais c’est en eux, et pas en vous, qu’ils devront aller puiser la motivation pour le faire. Et ce miracle, on ne sait pas quand il se produira ou s’il se produira mais la question que je vous pose est la suivante : quel souvenir souhaitez-vous garder de ce confinement : une lutte avec votre enfant au sujet des apprentissages ou une expérience potentiellement correctrice (ou pas d’ailleurs), mais à coup sûr une meilleure relation ?

Nadia Riva, mère et thérapeute